L'USINE ELEVATOIRE DE CONDE SUR MARNE
Cette usine a été réalisée de 1867 à 1869 pour alimenter le canal de l'Aisne à la Marne. Le bâtiment construit à l'origine est aux dimensions de 60 m x 15 m, d'une hauteur de 13,50 m, sans pilier à l'intérieur verra sa vie divisée en trois phases :
L'USINE HYDRAULIQUE
Elle a d'abord utilisé l'eau qui venait depuis Châlons via la rigole d'alimentation. Cette eau, par le truchement d'une chute de 6,92 mètres de haut, actionnait 5 turbines Koechlin placées en ligne en sous-sol. Elles étaient alignées à 10 mètres l'une de l'autre. Chaque turbine, par l'intermédiaire d'un pignon et d'une roue d'angle, transmettait le mouvement à un arbre horizontal. Des bielles, attachées aux extrémités de chaque arbre horizontal, actionnaient alors des pompes verticales à double effet installées à droites à droite et à gauche de chacune des trois turbines centrales.
Les 6 pompes avaient 0,95 m de diamètre et 1 mètre de course. Elles étaient placées verticalement et entièrement en dessous du niveau d'eau du canal d'amenée, ce qui supprimait l'aspiration
Ces pompes renvoyaient l'eau par deux canalisations enterrées de 80 cm de diamètre jusqu'à l'aqueduc distant de 315 mètres.
L'eau s'élève ainsi de 20 mètres et est amenée par une rigole couverte à l'écluse de Vaudemanges, 7600 mètres plus loin
L'eau en surplus se retrouvait dans le bassin aval et le trop plein était rejeté dans la Marne par gravité. On distingue bien les sorties d'eau et au fond les accès d'évacuations vers la Marne. Le Journal de la Marne rapporte que l'ensemble pompes et engrenages faisait un bruit assourdissant.
L'USINE DIESEL
Pour utiliser l'énergie de moteurs, un nouveau bâtiment sera construit entre 1923et 1927. Les pompes seront dorénavant actionnées par des moteurs diesel Sultzer.
L'eau était prise dans le bassin amont, par une canalisation souterraine, puis après pompage, refoulée jusqu'à une nourrice qui était le point de départ des trois canalisations. Une troisième canalisation d'un diamètre de 110 cm sera mise en service. Il faudra également agrandir la tour de l'aqueduc pour loger cette nouvelle canalisation À partir de 1933, les péniches vont abandonner la traction animale pour être tirées par des tracteurs électriques type E1601 de la Compagnie Générale de Traction sur les Voies Navigables CGTVN. Ceux-ci utilisaient l'énergie électrique produite par l'usine, des groupes turboalternateurs ayant été installés. Les tracteurs électriques prennent les péniches en charge, notamment pour traverser le tunnel du Mont de Billy, leur alimentation étant assurée par des câbles électriques aériens, dans le style des caténaires. On peut voir un de ces tracteurs exposé au niveau de l'écluse
L'usine a alors une double fonction : elle pompe de l'eau pour alimenter le Canal de l'Aisne à la Marne, et elle produit de l'électricité, le surplus de production étant utilisé par E.D.F.
L'USINE ELECTRIQUE
En 1953, on abandonnera le bâtiment construit pour les machines diesel, et on installera des pompes à axe vertical sous le plancher du premier bâtiment actionnées par des moteurs horizontaux. Les turbines seront remplacées par des groupes turboalternateurs et produiront ainsi de l'électricité. La production excédentaire étant utilisée par E.D.F.
Les péniches étant de plus en plus équipées de moteur diesel, la production d'électricité va devenir de moins en moins utile et en 1983, E.D.F., qui avait repris l'exploitation de la centrale va fermer l'usine d'électricité. Seules restent dans le bâtiment les pompes qui servaient autrefois mais qui sont maintenant abandonnées.
La rigole d'alimentation venant de Châlons, qui fuyait beaucoup, a été désaffectée et l'eau s'évacue maintenant en amont de l'écluse de Juvigny.
De nos jours, trois pompes électro-submersibles, alimentées par le réseau E.D.F., puisent l'eau directement dans la Marne et continuent à alimenter le bief de partage qui va de l'écluse de Vaudemanges à Sept-Saulx.
L'usine de Condé peut élever 100 000 mètres cubes d'eau par jour dans le bief de partage, soit environ 1200 litres par seconde.
(Principales sources : Patrimoine industriel, Journal de la Marne)